les Batak à Paris et la Draconia

Quelle étrange synchronicité que celle de ce samedi venteux et pluvieux !! Une nuit et quelques heures après avoir écrit mon article précédent sur "chamanisme et magie", je reçois un coup de fil de Céline, qui m'invite à aller à l'exposition "les Batak" au musée des cultures premières au quai Branly, Paris.

Depuis la station de métro Bir-Hakeim jusqu'à l'entrée du musée, j'aperçois un car de tourisme, portant une affiche publicitaire pour le tourisme au japon, dont voici l'affiche : étrange ressemblance avec la page "d'atterrissage" de ce site, non ?

Bon, nous arrivons au musée, où après avoir acheté nos billets nous nous dirigeons vers le hall entrée dans une sorte de clair-obscur à la Rembrandt. Une rampe à pente douce, montant en colimaçon autour d'une gigantesque vitrine d'instruments de musique nous emmène vers les galeries et le musée proprement dit, où les sculptures de bois offrent des arabesques psychédéliques et saisissantes sous la lumière des lampes halogènes...

On y voit des oeuvres océaniennes et africaines, toutes fascinantes et inquiétantes par leur rapport à la Mort et aux Dieux Serpents de la Terre. Je reste persuadé que les chamanes de ces pays ont eu un rôle majeur dans le choix des motifs : Ils auraient voulu retranscrire dans le bois ce qu'ils ont vu sous l'effet de la drogue et de la transe.

Mais ce n'est qu'un aperçu de la suite...En montant à la galerie supérieure, on accède à l'exposition sur les Batak...

Savez-vous ce qu'est un "Singa" ? C'est un être fantastique et éthéré, bienveillant et protecteur du village et des humains, capable de porter sur son dos les lézards de la Terre, mais aussi les chamanes bataks et les ancêtres divinisés. Il est à mi-chemin entre le buffle et le lion pour la tête, le lézard et le dragon pour le corps, nous disent les anthropologues. Mouis, intéressant, ça...

Chez les bataks, le tissu est sacré, il est symbole de la communauté et du lien social. Les fils principaux d'un tissu sont symbole de la féminité, tandis que les fils transverses sont la masculinité. Le tissu représente l'union réussie des deux. Les tissus se transmettent en famille ou à l'occasion des mariages.
Le sorcier batak est appelé "datu" ou "guru" selon les régions, et possède plusieurs attributs :

  • La canne cérémonielle "tunggal panaluan"
  • Le poignard cérémoniel "?"
  • La corne à poudre (préparation de mixtures qui ne sont pas ingérées, mais stockées dans les réceptacles des autres objets pour les charger)
  • Le grimoire des ombres scripté dit "pustaha". Seul le datu peut le décoder. L'écriture employée est du script Kawi, et semble être à mi-chemin entre les runes, le brahmi et d'autres...Pas de script draconique ni d'hénokéen, mais on sent que le script batak a une certaine personnalité
  • Le sabre cérémoniel "?"
  • Les "bâtons-balises" pour marquer des lieux et en chasser les esprits mauvais

Les esprits-"maîtres" que les datus contactent sont les "Singa", ce qui semble confirmer que la magie Batak est bien essentiellement une forme épurée de magie draconique.

Autant vous dire que j'étais surexcité de passer d'une vitrine à l'autre en découvrant la magie batak, splendide et tellement, tellement proche de la Draconia. Par exemple, si vous aviez vu la ressemblance entre la canne cérémonielle et mon bâton draconique !! Même couleur, même hauteur, même style de gravure mais les motifs sont très différents.

Près du pustaha exposé, il y avait des motifs magiques gravés dans une ivoire en triangle. On y voit des caractères qui m'ont fait penser aux runes "Gebo/croisée", "Is/glace" et "Othila/maison", à certains sceaux bouletés de Cornelius Agrippa (!!) et aussi, un heptagramme, un su-perbe heptagramme ressemblant comme deux gouttes d'eau à l'heptagramme draconique, l'une des pointes au nadir (Céline est témoin). Cet heptagramme confirme celui aperçu dans le livre d'Henri Durville...

La croyance des Batak est que l'humain possède deux esprits (les vocables sont approximatifs car de mémoire) :

  • La "tondi" : l'esprit supérieur, maître de la destinée, rejoint les mondes supérieurs après la mort
  • La "begu" : la personnalité "mondaine", qui peut se réincarner et évoluer après deux ou trois stades et plusieurs vies vers le statut "d'ancêtre divinisé" et rejoindre "Ceux qui donnent la Vie"

Enfin, le clou de l'après-midi était certainement cette description de la vie sociale des Batak par un certain Jules Claine, dans la revue "le Tour du Monde". Le passage est long, je ne peux malheureusement pas le citer, surtout qu'il n'y a aucune publication sur le sujet. En gros, l'explorateur relatait que les Batak ne sont pas étouffés par la religion, car les "datus" ne se marginalisent pas des autres membres de la communauté, comme le font les clergés, mais en maintiennent la cohésion par ce qu'ils apportent au travers de leur magie. Ils n'ont aucune prétention sur leurs capacités surnaturelles. Du coup, les Bataks vivent étrangement comme dans un sovkhoze ou un kibboutz et n'ont pas besoin de religion...Tout le monde travaille aux cultures de riz, remplissant les greniers à toiture en forme de bateau, et chacun vient s'y servir selon ses besoins. Incroyable ! Au vu des dates de vie et mort de l'explorateur (mort en 1930-), faudrait quand même vérifier s'il avait une quelconque activité politique en Occident (et donc un prosélytisme subséquent)...

Bref, derrière un peuple et une magie d'apparence rustiques se cachent une grande intelligence, un pacifisme et une maturité qui contrastent singulièrement avec les autres chamanismes du musée. Serait-ce dû à la présence constante des "Singa" ?

A+,
Hiramash.

Aucun commentaire pour le moment

Free Blog Themes and Free Blog Templates