Il est difficile de parler de science sur un site sans tomber dans
l'encyclopédisme. Toutefois, étant scientifique de formation et ayant eu une
expérience en demi-teinte dans ce domaine, je maintiens et constate que la science peut être intéressante et utile, à la condition impérative de l'apprendre de manière autodidacte et appliquée. A chaque connaissance acquise, j'ai cherché à me poser les questions suivantes :
- Est-ce que je serais capable d'expliquer en cinq minutes ce que j'ai appris ?
- Est-ce que ça m'a passionné ?
- Est-ce que cet apprentissage éveille en moi des souvenirs ? Si oui, sont-ils agréables ? Suis-je capable de désamorcer les souvenirs désagréables ?
- Ce qui me paraît être fastidieux et peu gratifiant est-il enseigné de la même manière dans d'autres pays ?
- Ce qui me paraît être fastidieux et peu gratifiant débouche-t-il, au prix du temps, sur des concepts et des techniques qui en valent vraiment la peine ? Si oui, quels sont-ils ? Ne vaut-il mieux pas alors commencer par là ?
D'autres questions ciblées et d'autres aphorismes sur l'apprentissage se retrouvent par exemple dans l'encyclopédie autodidacte Quillet.
Je m'aperçois dès lors que j'ai connu les deux situations :
- J'ai connu l'enseignement académique, je suis actuellement à bac+5.
- J'ai connu la formation par mes propres moyens, m'enrichissant du travail sur le terrain, de la documentation faramineuse sur Internet, des livres que j'ai pu acheter, des cours que j'ai pu suivre en auditeur libre
Au risque de passer pour un mauvais patriote, je veux m'avancer à dire que l'enseignement français (francophone ?) brille par sa couverture sociale, tandis que l'enseignement anglophone brille par la richesse et l'intelligence de son contenu. A l'instar du non-dit qui règne en
ésotérisme, les choses sont plus simples et plus sensibles qu'elles ne le paraissent...
Je tiens absolument à traiter de ce sujet, car ce n'est pas la première fois que je constate des divergences majeures dans la manière d'enseigner et dans le contenu enseigné. Dois-je m'avancer à dire que nos deux cultures nous séparent irrémédiablement, aussi sûrement que l'Océan Atlantique ? Ou est-ce lié, comme je le pense désormais, à l'action indirecte combinée du temps et des valeurs religieuses ? Ce sont bien les valeurs religieuses, protestantes d'un côté, catholiques de l'autre, qui ont façonné les traits de civilisation suivant :
-
Les relations avec les autres
- Le rapport à l'argent
- Le rapport à l'ordre et à la hiérarchie : Ordre imposé ou assumé ?
- Le rapport à l'Etat : suis-je en droit d'attendre quelque chose de l'Etat concernant ma situation ?
- Le rapport à la religion, aux autres religions[1]
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La vie intime
- Le rapport au destin et au libre-arbitre
- Le rapport au changement
- Le rapport à l'honneur et à l'intellect
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La capacité d'abstraction
- La définition de la science, selon les anglophones et les francophones.
- Le rapport au texte et à l'image
- Le rapport à la connaissance[2]
- Le rapport à l'écrit et à l'oral
Il s'avère que j'ai toujours été méfiant, plus que méfiant envers les Etats-Unis. D'autre part, concernant mon propre parcours, je me suis aperçu que plus j'évoluais, plus j'adhérais à des valeurs anglosaxonnes sans m'en apercevoir !!
A cela plusieurs éléments de réponse :
- Mon tempérament, tout simplement
- Les québécois sont l'exemple parfait de ce que pourrait devenir la France si elle prenait de la distance vis-à-vis de sa culture catholique et européenne. Pourquoi les québécois nous font toujours sourire ? Leur accent peut-être ? Ou autre chose ?
- Le goût de la nouveauté : Semble-t-il, et sauf avis contraire de votre part, l'Art français se porte bien, avec de nombreux "jeunes créateurs" ce qui me semble être directement lié à la volonté de créer et à la capacité de "mélanger les genres", cet éclectisme tant méprisé par les intellectuels du pays.
- Finalement, la France ne serait-elle pas un peu revancharde ? Historiquement, l'érosion de la puissance militaire, politique et autres de la France est directement liée à l'action des différents voisins anglosaxons (parfois par l'Espagne, mais lorsqu'elle était liée à l'Autriche). Ceux-ci s'opposaient à un pays catholique, en tant que protestants. Avons-nous été instrumentalisés par l'Eglise catholique à nos frais ?
De cette digression d'ordre historique, le résultat est là : je trouve que le rapport à la connaissance est calamiteux. Un cloisonnement en chasse un autre. L'église ne tolérait pas les connaissances subversives. L'esprit des Lumières est dévoyé, et ne tolère plus ce qui sort de la méthode purement scientifique. Quelle place pour l'artisanat et le compagnonnage ? La séparation démocratique des pouvoirs selon Montesquieu est un alibi du "diviser pour mieux régner". Le seul schéma d'organisation appliqué dans les institutions et bon nombre d'entreprises est l'arbre hiérarchique. Pas moyen de travailler en "client-serveur" (un
graphe mathématique), où toutes les fonctions seraient sur un pied d'égalité. Un homme ne devient célèbre que s'il aligne les diplômes et les passages à la télévision, toute fortune personnelle sent le soufre : exactement l'inverse des valeurs anglosaxonnes. Pis, la guerre froide a été importée chez nous, répandant la suspicion parmi les acteurs sociaux, empoisonnant durablement la vie politique française.
Cette partie du site est censée traiter de science. J'y aborderai différents sujets qui me plaisent, et j'essaierai à chaque fois de montrer la différence de conception entre la culture latine et la culture anglosaxonne.
Pour éviter de tomber dans l'encyclopédisme, je disposerai les pages en anneau, c'est-à-dire qu'à partir de chaque page, on pourra naviguer vers l'ensemble des autres pages de la catégorie.
"la connaissance est une navigation dans un océan d'incertitudes
à travers des archipels de certitudes."