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L'aethyr guérisseur TAN
Kazim a fini par arriver chez nous, et après avoir affronté le Cerbère du Digicode, vient passer le week-end de Noël en compagnie des dragons et de notre petite famille. C'est donc en discutant le samedi que nous nous sommes mis d'accord pour faire de la magie le lendemain. C'est décidé, nous allons explorer l'aethyr "Tan", parce que d'après Crowley il faut compter les aethyrs trois par trois pour les associer aux planètes. Un calcul de ce genre nous amène à regarder de plus près trois aethyrs associés à Tiphereth, dont deux ont l'air sombres, une sorte de punition de l'Ego. Il nous reste le troisième aethyr, plus authentiquement solaire, pétillant et léger comme une badoit après un réveillon.
Il s'agit de "TAN".
Un coup d'oeil au livre d'hénokéen d'Étienne Morgant nous apprend qu'il s'agit de l'éther de l'équilibre, mental et karmique. La description n'est pas assez factuelle, nous sommes tentés de lire le rapport de Crowley sur le sujet, mais non ! Nous allons travailler, et nous verrons bien après coup."TAN" peut s'analyser en lettressences :
- en deux bigrammes, "TA" et "AN".
- "TA" est "équilibre - temps", "ajuster le temps", "l'équilibre qui commence"
- "AN" est "Temps - intériorité", "commencer l'intériorité"
- "TAN" serait "l'équilibre qui commence à l'intérieur" ou "l'équilibre qui initie l'intériorité"
La suite nous montrera que l'aethyr est très proche de l'archétype "Maat" et des prophéties de Nema. On décide de faire une rituélie simple, imprégnée toutefois des divinités égyptiennes ; je ne fais pas d'ouverture draconique, juste un bannissement par les pentagrammes. Kazim prend la main et effectue un rituel "LVX" avec la voûte au-dessus de la tête. Une fois le cercle posé, on sent qu'on peut commencer à travailler.
Je reprends mon Corpus Omnium, et je le passe à Kazim qui prononce l'invocation solaire. La dernière fois, c'était le contraire, et cette fois-ci Kazim tient à la symétrie comme symbole de la dualité et du Baphomet. Il prononce l'invocation solaire, je prononce l'invocation lunaire, puis il continue par l'invocation saturnienne. Le système de prononciation qu'il emploie n'est pas le mien, je ronchonne un peu et il le ressent. Ce n'est pas si grave, j'ai toute la première clé hénokéenne à lire par la suite.
Avant d'entamer la lecture de cette clé, j'ai placé le miroir d'obsidienne sur la table dans son sac de velours noir et argenté aux armoiries de la Wicca. C'est en effet sur la demande des dragons que je me mets à travailler de plus en plus au miroir ; une fois les trois invocations planétaires prononcées, j'ai donc la curiosité de regarder dans le miroir, et je vois...
Je vois une sorte de brume éthérique très nette, une galette gris cendrée qui ne recouvre pas la totalité du miroir. Si je fixe cette nappe de brume, j'ai l'impression de pouvoir voir dans les profondeurs du miroir, comme en vision en relief avec des lunettes 3D. J'y vois des formes, floues, avec des mouvements précis et soudains qui me font sursauter. Je serais prêt à parier que ce sont des visions draconiques ! Je relâche ma vision, un peu fatigué, et Kazim m'entretient d'un sujet qui le préoccupe : Ce travail, craint-il, risque de perturber ses précédentes énergies, déployées à l'occasion du solstice d'hiver. Il a également fait un rêve au cours duquel il voyait le mot hénokéen "MOOOP".
Il nous faut donc faire un oracle et interroger les dragons (entre autres) sur ce sujet. Instinctivement, j'avais ressenti qu'il me fallait prendre mes runes et mon Yi-king, mais pas de tarot. C'est donc à la lueur de la chandelle que je sors mes runes, et que je fais piocher trois runes à Kazim pour répondre à sa question : la magie de ce jour va-t-elle perturber ses travaux préliminaires ?. J'ai sorti "Nyd" la haie, "Mannaz" le groupe et "Kano" le Feu. La première conclusion qui me vient à l'esprit est qu'effectivement il y a un obstacle technique mais qu'en s'y mettant à deux comme nous le faisons, nous parviendrons à libérer des énergies de Feu. Kazim me demande des précisions, et je lui fais sortir deux autres runes, "Berkana" le patrimoine et "tyr" la lance. Cela parle clairement de l'aethyr terrestre comme d'une expérience "costaud".
Kazim me demande alors de faire un complément avec le tarot ; comme je n'ai sorti que le yi-king, je sors les cartes des trigrammes, et spontanément je les interprète. De mémoire, les cartes annoncent que ça va réussir, Kazim va se voir révéler quelque chose qui lui manquait, tandis que j'obtiendrais de la joie et la confirmation d'une intuition. La conclusion est "l'éveilleur" qui est la carte draconique par excellence : Le Dragon est l'éveilleur chez les chinois.
Toutefois Kazim me demande de faire un complément : Je lui prête le tarot que je viens de me voir offrir à Noël, le tarot d'or. Semblant inquiet de l'impact de l'aethyr sur ses travaux, il m'explique que l'ouverture d'un aethyr est vraiment quelque chose de très lourd ; c'est comme une voiture qu'on aurait du mal à pousser mais, une fois lancée, on a du mal à l'arrêter ! Cela m'inspire la réflexion qu'utiliser le Liber Logaeth en lieu et place de l'appel direct de l'aethyr dans le miroir revient à utiliser un "masque de protection", un filtre qui nous prémunit contre l'inondation de la pièce par les énergies de l'aethyr. C'est donc entendu, après un tarot, des runes et un yiking, au cours duquel je me suis mis en mode "n'importe quoi" (!), nous allons prononcer la première clé, identifiée au Feu dans les runes, puis ouvrir l'aethyr avec la clé des trente aethyrs.
Je prends le texte de la première clé, et je le prononce à la manière "sans voyelles", l'hénokéen brut et rauque de John Dee sans les vocalisations de la Golden Dawn. Je prends alors la bougie blanche pour éclairer le texte de la clé des aethyrs, tandis que Kazim le lit et le déclame à haute voix.
Madriax ds praf TAN chis micaolz saanir Caosgo, od fisis...
Le texte est long, mais c'est avec émotion qu'au cours de la lecture il découvrira le mot "MOOOAH", qui signifie "pénitence" et fait écho au mot qu'il a vu en rêve. Je lui ferait remarquer après les travaux qu'il existe en hénokéen la tablette "QUAR", ou tablette du Feu Noir de la pénitence. Après la fin de sa lecture, la pièce semble nettement chargée ; j'hésite à explorer le miroir, tandis que j'y vois moins bien les formes de tout-à-l'heure. J'entends les dragons qui me disent : "Houlà, t'es sûr que tu veux y aller ? C'est assez costaud, tu devrais vraiment éviter !"
Kazim, lui, est déjà parti en méditation...
Moi, je suis encore en hésitation, alors je décide de fermer les yeux et de ne rien explorer du tout, juste me laisser aller.
Je me retrouve assez vite dans un paysage breton, probablement à l'époque médiévale ; devant moi, se trouve le Mont Saint Michel. Je préciserai plus bas l'explication possible d'un tel symbole. J'avance donc sur une passerelle de bois qui me mène aux berges du Mont, tandis qu'un petit chemin poussiéreux s'avance vers le sommet ; pour ceux qui sont allés au Mont Saint-Michel de la vie physique, les rues sont pavées et il n'y a pas de chemin poussiéreux.
C'est en cheminant sur la passerelle que je croise trois femmes, peut-être les Trois Parques, vêtues à la manière médiévale avec une coiffe évasée vers le haut et recouverte d'un voile blanc qui leur descend dans la nuque et leur donne un air "cornu". Elles se tiennent par le bras et me dévisagent en souriant tandis qu'elles continuent leur chemin en sens inverse.
Tandis que je mets le pied sur la berge du Mont, je ressens alors une déformation de l'espace autour de moi, à la manière d'"Inception". Le paysage semble se recroqueviller sur lui-même et former un tourbillon à la manière d'un écoulement dans un évier ; je résiste pendant une minute à l'aspiration qui cherche à me happer, tandis que je constate que le tourbillon semble serpenter au milieu des étoiles, dans un paysage stellaire aride. Le message serait alors "circulez, ya rien à voir !"
Je me laisse glisser dans le tourbillon qui me "jette" plus qu'il ne pose, dans un paysage in-cro-ya-ble-ment ensoleillé ! Tout y est tout simplement magnifique, chaque couleur, du bleu au vert, étant tout simplement électrique. On dirait que si le paysage était un visage de femme, alors les couleurs et les formes y sont soulignées non par un rouge à lèvre, mais plutôt par un "doré à lèvres". J'en suis vraiment surpris, de la netteté et de la vivacité dans une vision de ce genre...
Je m'aperçois que je suis allongé au bord d'une plage, tandis que le ressac de la mer vient tremper gentiment mes vêtements. Je suis dans une crique, pas vraiment un fjörd, plutôt une calanque, une plage au pied d'une toute petite falaise. En avant vers la mer, un petit ouvrage maçonné semble surveiller l'entrée de la crique. Cela resemble à une échauguette, ou plutôt une de ces tours génoises que l'on peut voir au Cap Corse. Une tour de guet ?
L'eau y est quelque chose de plus que la simple eau de la baignoire ou du robinet. C'est une authentique manifestation de l'Élément Eau ; tandis que je suis trempé par le clapotis, je ressens une émotion indescriptible, une sensation poignante, comme si mes souvenirs se pressaient à la queue leu leu devant ma conscience pour me présenter leurs excuses. Par dessus cette émotion, j'eus l'impression étonnante d'hériter d'un souvenir qui n'était pas vraiment le mien : Était-ce d'ailleurs un souvenir ou une consolation ? J'avais donc l'impression d'être comme un enfant bercé par sa mère. Du coup, je ne souhaitais plus quitter ce lieu magique !
La suite du voyage rêvé me semble plus flou, où les images semblent crépiter devant mon regard, comme des feuilles dorées d'acacia passant à toute vitesse devant mon regard. Je me souviens d'un vol paisible au-dessus des montagnes alors que je respire l'air pur. Cet aethyr est tout simplement fabuleux !
Tandis que je vois ces images, je me souviens m'être focalisé sur une sensation que je reconnais entre toutes. Je ressens une contraction dans mes muscles, lente mais ferme et puissante, qui me pousse à courber la nuque et le torse comme pour m'étirer de courbatures imaginaires. Il s'agit d'un phénomène étonnant, typique d'un soin magnétique, qu'on appelle kinésiologie : Le corps réagit aux énergies et réciproquement. TAN est un aethyr guérisseur qui agit dans les couches les plus lointaines de l'enfance !!
Petit à petit, j'émerge de ce rêve étonnant, un peu ensommeillé mais émerveillé. KAzim semble avoir fini sa méditation de son côté. Il s'adresse à moi pour me suggérer un bannissement, en m'expliquant que la densité des énergies dégagées à l'appel de l'aethyr nécessite de faire au moins un si ce n'est deux bannissements. On se répartit les rôles à cette fin, tandis que je me charge du bannissement planétaire.
Ma fiancée arrivera peu après sur les lieux pour constater que "ça sent la magie, ici !". Kazim prépare son rapport, je crois qu'il aurait beaucoup à dire car, semble-t-il, ma dragonne l'aurait contacté pour lui enseigner quelque chose...
A+,
Hiramash.
PS : L'Archange Michaël est bien évidemment le maître du Mont Saint Michel. Cet Archange est associé soit à Guéburah selon certains, soit à un mélange de Mercure et du Soleil, ce qui correspond dans le chemin de l'Épée Flamboyante à la Maison-Dieu, laquelle se dit "Hat-hor" en égyptien.