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Le mystérieux verdict de la déesse Kali
C'est finalement ce soir, aux côtés de ma compagne, que je me décide à restituer cette expérience mémorable. M'étant entretemps brouillé avec la protagoniste de cette histoire, j'avais expédié cet épisode aux oubliettes. Il semble que ce soit la période pour moi de restituer tout ce qui n'a pas été exprimé et qui aurait dû l'être.
Il s'agissait purement et simplement de contacter la déesse Kali, fortement prisée des milieux de la magie noire car réputée castratrice et dominatrice. L'expérience que j'en ai eue et l'érudition qui s'en est suivie m'ont largement démontré que nous étions tous un peu présomptueux à vouloir s'approprier sa puissance : Cette Divine Dame ne se laisse pas dominer ni récupérer comme une Vierge Marie par un ensoutané ou a contrario une féministe. Je soupçonne même (et l'existence d'une étude sur le sujet ne m'étonnerait pas) qu'il s'agit de la vierge noire des gitans.
Tour à tour maternelle et aimante, elle peut être terrifiante, et son collier à 49 crânes humains m'a laissé penser que celui qui, au-delà des 49 portes du Liber Logaeth, franchit la 50ème porte sera détruit par Sa Colère. Elle brise le monde de l'illusion et à ce titre, son aspect courroucé est le gardien qui sépare la Vacuité et le Monde Manifesté. Elle peut également apparaître sous la forme de "la Grande Kali", en sanskrit "Maha Kali", une image où le visage bleu et brun de la déesse apparaît démultiplié dans une étrange farandole.

extrait du site "lalitavistara"
C'est donc au temps pas si lointain de mon célibat que j'avais proposé à ladite "zatzol / melmothia" de venir l'enquiquiner au début du printemps 2008. Elle accepta, en m'avouant la cause intéressée de se "servir de mon magnétisme et de mes facultés".
J'acceptais, et ce fut sous le soleil de Provence que je l'accompagnais faire les courses aux victuailles en préparation d'une invocation à Kali. Un rituel de ce genre se fait en consommant de la viande crue, des épices et du vin rouge. Toutefois, n'ayant ni l'un ni l'autre instruit les aspects techniques des rites de Kali (s'ils existent), c'était bien là la seule base que nous ayons. Je lui avouait mon appréhension, surtout que je la voyais indifférente, ou inconsciente. Ce qui m'avait fait accepter, c'était que je percevais sa sincère attirance pour la Déesse. J'ai toujours respecté ceux qui sont capables d'amour...
Ladite zatzol me spécifia qu'elle ne voulait pas de tous ces rituels géométrisants propres aux occultistes, genre cercle de protection contre tout ce que l'on n'assumerait pas hypocritement. L'idée astucieuse que j'eus fut d'utiliser un rituel de purification au lieu d'une protection : En utilisant la force du Feu et du son, je pouvais protéger indirectement la pièce. C'est parce qu'elle tenait à expérimenter un ou deux mantras de Kali que je pensais à utiliser un mantra de purification. Je m'aperçois en écrivant ces lignes que c'est un travail de dragon que je fis ce jour-là : cracher du Feu pour purifier l'atmosphère.
La déesse Kali devait être bienveillante ce jour-là, car je n'eus aucun mal à trouver sur Internet un mantra de purification de la maison par le feu, commençant par "Om Phat...". Ce n'est qu'en rédigeant l'article que je m'aperçois que ce mantra devait aussi être dédié à Kali...
Le soir même, nous arrangeâmes la petite table basse, sur laquelle se trouvait une bien étrange nature morte :
- Deux ou trois bougies rouges
- De la viande rouge
- Du gingembre
- Une bouteille de vin rouge
Je m'aperçois qu'aujourd'hui la moindre des choses aurait été de préparer le talisman "yantra" de Kali. Nous étions vraiment parti à l'improviste...Pourtant, la cérémonie prit un très curieux détour car alors que j'essayais de poser ma voix sur un registre baryton pour chanter le mantra "om phat", j'entendis zatzol pousser une réflexion saugrenue, du genre "monsieur se la joue mâle, j'arrête de suivre". Sûr de ma magie, je continuais à chanter le mantra tout seul en me focalisant sur "l'illusion du monde réel" pour élever mon niveau d'énergie, et je sentis que quelque chose se modifiait très sensiblement dans la pièce, à mon grand plaisir. J'eus le sentiment qu'une énergie se modifiait autour de moi, comme si le Feu crépitait effectivement dans la pièce et réchauffait chaque chose. Je vis alors une expression paniquée, effarée dans le regard de Zatzol : Elle devait sentir la même chose que moi.
Nous passâmes alors au mantra suivant, de fait le premier mantra de Kali. (Il faut bien s'imaginer que tout le long de cette cérémonie, nous mangions de la viande à fondue, des morceaux de gingembre en buvant du vin rouge). Je ne me souviens plus très bien des ressentis, mais il me semble que nous perçûmes une nouvelle modification de l'ambiance, dans le sens d'un relâchement de la pression ambiante, une sorte "d'épanouissement aéro-aquatique". La Mère Divine ne devait pas être loin...Puis vint le troisième mantra, "krim krim krim", qui s'arrêta bientôt pour laisser place au recueillement. Je fermais les yeux pour me laisser aller, et je commençais une sorte de voyage intérieur, baignant dans les énergies que nous avions convoquées.
Je vis assez rapidement des petites tâches dans l'obscurité, semblables à des point de braises. Ces points enflèrent doucement, et révélèrent des formes cachées ovales. Plus je "m'approchais" de ces ovales, plus je vis que c'étaient des bouches garnies de dents de prédateur, comme des bouches de tigre, mais vues de loin.
L'obscurité se dissipa alors, révélant une caverne calcaire avec toutes ses concrétions descendantes; elle était magnifique, comme celle que l'on peut voir à Lascaux, Padirac ou ailleurs sous la lumière blafarde des projecteurs en sous-sol. Les "braises" se révélèrent être des niches dispersées dans la roche et contenant d'étranges et intimidantes formes dont je ne savais si c'étaient des bouches ou des yeux.
La roche s'entrouvit alors, pour laisser place à un gigantesque gouffre de Feu, dont les volutes changeantes me faisaient penser à un fumigène sans cesse renouvelé. Je tombais dans ce gouffre, sans peur et sans souffrance, car je savais déjà bizarrement que le Feu représentait des énergies naturelles qui pétillaient autour de moi comme des bulles de champagne : Si c'est "bio", allons-y ! :D
La chute semblait s'éterniser, tandis que je perdais la notion de vitesse, d'accélération, de hauteur, de haut et de bas. Au milieu des flammes, je vis apparaître un ilôt rocheux, sur lequel je vis un bien étrange autel. Je m'y posais naturellement, et m'approchais de l'autel. Il avait la forme d'une amande, fendue au milieu : Il n'y avait plus d'ambiguité possible, il s'agissait d'un gigantesque "Yoni", un sexe féminin sacralisé. Je me sentis poussé, attiré jusqu'à poser mes mains de part et d'autre du Yoni, tandis que je me sentais une raideur digne et solennelle à rester debout devant le Yoni.
J'entendis alors la phrase suivante, que j'attribue à Kali en personne :
Tu as un Pouvoir, tu le mérites
La suite n'a plus aucune importance. Zatzol affirme que les dragons lui auraient parlé pour crier une injustice d'ordre général vis-à-vis des humains. Elle parle également de Maha Kali qui aurait été physiquement présente dans la pièce même, ayant daigné se déplacer en personne pour dire deux mots à deux humains aux objectifs différents.
Une voyante m'a relaté plus tard que zatzol m'a volontairement masqué une partie de ses visions me concernant, et qu'elle ne me le dira jamais; il s'agirait de ce que je deviendrais dans des années, dans le sens de la réussite, comparé à ce que deviendra zatzol. Vogue la galère !
J'en garde un respect et une expérience positive du contact avec une telle divinité, et ma curiosité en fut stimulée. Je pourrais toujours m'enorgueillir d'avoir été en quelque sorte sacralisé par Kali, Celle qui détruit le Temps et ses démons...
A+,
Hiramash