Si vous souhaitez créer votre propre police de caractères, il existe un logiciel remarquable, en licence libre, permettant de le faire. Il tourne sous Linux et Mac, mais pas sous Windows, à moins d'installer
Cygwin, ce qui n'est pas forcément évident. Je pense que malgré tout, le jeu en vaut la chandelle :
Le logiciel FontForge
Le problème majeur des fontes est qu'elles correspondent le plus souvent à une
translittération de l'alphabet latin. Si cet alphabet a 26 lettres, il faut espérer que la fonte aura 26 glyphes. Alors la correspondance entre chaque lettre et chaque glyphe est implicite, le glyphe étant reconnaissable visuellement en tant que lettre de l'alphabet latin.
Là où cela devient plus délicat, c'est lors de l'adjonction de glyphes supplémentaires, comme par exemple les accents en français qui n'existent pas en anglais (les
"diacritiques"), ou bien les signes inversés de ponctuation en espagnol. Deux solutions :
- Soit la fonte possède un système de codage. Par exemple, pour une fonte à 52 glyphes, le double de l'alphabet latin, des combinaisons de deux touches afficheront chaque glyphe. On doit alors posséder le tableau de correspondances entre les combinaisons et les glyphes, souvent sous forme d'un fichier texte adjoint au fichier de fontes dans une archive. Ainsi il existe une fonte de 300 hiéroglyphes égyptiens, un peu pénible à utiliser...
- Soit on utilise un encodage spécifique du clavier. Si la touche d'un clavier est imprimée "A" sur le plastique de la touche, la lettre A est enregistrée en mémoire dans un fichier d'encodage. En tapant "A", la lettre "A" s'affiche effectivement.
De même, les claviers chinois possèdent un fichier d'encodage différent de l'alphabet latin, ce qui pousse d'ailleurs les orientaux à utiliser des alphabets les moins numéraires possibles de manière à "rentrer" sur un clavier; pensez donc, des milliers d'idéogrammes ne tiendraient pas sur un clavier standard !!
L'avantage d'un encodage est qu'il est
indépendant de la fonte utilisée. On peut donc mettre une fonte spécifique sur un encodage pour
styliser un alphabet particulier. L'exemple est en hébreu : encodage hébreu avec une fonte "carrée" ou "cursive".
Du coup, les formats de fichiers de fontes diffèrent selon la nature de l'information qu'ils véhiculent. Certains véhiculent des glyphes complets, tandis que d'autres ne véhiculent que des
informations de style par rapport à un encodage donné.
Le système Windows XP possède un système avancé de manipulation des encodages, associé à un éditeur interactif permettant de "zapper" entre plusieurs alphabets d'une langue. C'est le cas du japonais qui utilise trois alphabets différents pour une même langue :
- Le Kanji (proche des idéogrammes chinois, dont il est issu historiquement)
- Le Katagana
- Le Hiragana
La manipulation, assez complexe, est spécifiée dans le
Centre d'Aide du système...
A noter que cet encodage a un impact sur l'affichage des caractères spéciaux dont les opérateurs mathématiques et les signes "\" et "/" : Cela est objectivement gênant pour les nommages de fichiers (C:
\monrepertoire
\monfichier.txt) et donc pour toute forme de programmation informatique, puisque les fichiers ne sont plus localisés correctement. A utiliser avec parcimonie !
D'autres langues possèdent ainsi plusieurs alphabets, j'ai en tête le cas de l'éthiopien utilisant un syllabaire liturgique "Ge'ez", et un abjad d'emploi courant (amharique).
A retenir sous Windows XP :
- L'encodage de l'alphabet latin version "américaine" sans accents est UTF-8
- L'encodage de l'alphabet latin version "française" avec accents est ISO-8859-1
- Les fichiers de fontes les plus courants sont les ".ttf" pour True Type Font (fonte de vraie nature)
- Les fichiers de fontes se posent tous dans "C:\Windows\Fonts\"
- Les polices "énochiennes"
-
- Les polices "kabbalistiques"
-
- Les polices "bourgeoises" (!)
-
- Garamond
- Times new roman
- Blackadder ITC
- Edwardian script ITC
En jetant un coup d'oeil sur
Wikipédia à "calligraphie", j'ai la surprise de constater que cet "art de la belle écriture" est lié aux
sciences occultes !! Je suis bien heureux que ce paragraphe soit en cohérence avec le reste du site...
En fait, tout se tient et se rejoint :
- L'art de l'écriture est la sacralisation de ce qu'elle représente, de même que le corps d'une femme pourrait être sacralisé par le dessin
- L'écriture est la représentation, l'image diffuse de la pensée, orale par nature
- La pensée est censée être le creuset de la conscience, et des questions métaphysiques qu'elle se pose
- Je précisais, dans la page sur les rituels, que les langues idéogrammiques et hiéroglyphiques ont des modalités d'écriture à mi-chemin entre le langage et le dessin, et de facto possèdent une solide tradition calligraphique
- Enfin, j'ai pu remarquer que les traditions spirituelles "briseuses d'idoles", celles qui cherchent à réfuter le monde des phénomènes (soufisme, tantra tibétain) possèdent également une tradition calligraphique avancée
- La calligraphie pratiquée par les moines copistes européens semblait les avoir aidés à prier. Je me demande si cela n'est pas à rapprocher de la talismanie : l'onde de forme générée par les courbes de l'écriture devait certainement induire une sorte de transe fervente.
- Cette même calligraphie médiévale (caractères onciaux et gothiques), dont le but n'était pas de hisser l'écriture au statut de dessin (contrairement à la calligraphie arabe), semble être à l'origine de bien des polices et fontes stylisées que nous connaissons aujourd'hui
- Enfin, il serait dommage de ne pas citer la Magie du Chaos inventée par Austin Osman Spare au XXème siècle : Formuler un voeu par écrit, éliminer les lettres qui apparaissent plus d'une fois, garder les lettres restantes pour les calligraphier dans un motif plus artistique que linguistique, alors le talisman est prêt !!
Pour vous amuser un peu, je vous propose un site pour
calligraphier en ligne...Le calame est sensible à la pression, en fait la vitesse de défilement, permettant les pleins et les déliés.
Les alphabets n'étant pas liés aux langues, ils ont une histoire propre qui s'écrit au travers d'un arbre épigraphique :
- Ainsi la langue turque a d'abord été écrite dans un alphabet proche de l'arabe, puis s'est écrite en latin.
- De même, le persan s'est d'abod écrit en cunéiforme avant de passer à l'alphabet arabe.
- Peut-être avez-vous vu cette écriture indienne où toutes les lettres semblent reliées par une barre verticale surplombant les lettres ? C'est du devanagari, qui a été utilisé pour écrire la langue "sanskrit"; lequel sanskrit peut s'écrire en brahmi ou en bengali.
- Un exemple ésotérique de différence entre les deux sujets est la Draconia, où a priori la langue est l'énochien, tandis que l'écriture est le script draconique.
Généralement, les règles empiriques de passage d'un alphabet à l'autre sont motivées par des raisons phonétiques. La sonorité "U" de la langue française, qui s'écrit "Ü" en allemand semble venir des langues
ouralo-altaïques (Asie Centrale) : l'exemple de cette sonorité montre qu'elle n'est pas du tout rendue dans l'alphabet arabe, mais elle l'est en latin...
Il convient donc de ne pas confondre alphabet et langue, c'est vraiment, vraiment différent...
Généralement, les connaissances en linguistique se
synthétisent sous forme d'arbres, mais de quel arbre parle-t-on ? Celui des alphabets ou celui des langues ? Soyez donc attentifs...
Voici des arbres épigraphiques (alphabets):

A noter la place des futhark, autrement dit les
Runes, que l'on retrouve chez les Étrusques, les Celtes et en Turquie (non-mentionné). Dans les liens que je propose plus haut, on retrouve ces différents alphabets et leurs polices...
Voici également un autre arbre épigraphique écrit par
Marc-Alain Ouaknin. Les bulles de couleur sont de moi, mes remarques personnelles en quelque sorte... J'essaierai de mettre d'autres arbres au fur et à mesure :